Marchés Noël

Le rendez-vous des Mères Noël pas très catholiques

Nous n’allons pas nous faire que des amis en poussant un coup de gueule contre ce concept de foire, devenu aussi attendu – à l’Avent – que les concerts de Noël d’Alain Morisod. Le kitch a ses amateurs, et – après tout – pourquoi leur en voudrait-on ? Par ailleurs, dénoncer le mercantilisme lié aux célébrations de la Nativité n’est pas qu’une démarche convenue; c’est surtout un combat perdu d’avance.

Ce qu’on nous présente comme une longue tradition remontant au Moyen-âge n’en est pas moins devenu l’un des nombreux avatars de la consommation mondialisée. Fermez donc les yeux et rouvrez-les à Stuttgart, Nice ou Madrid, là où les mêmes chalets de bois ont été sagement alignés dans le même fatras de guirlandes et feuilles de houx ! Saurez-vous d’emblée déterminer que vous êtes en Allemagne, en France ou en Espagne ? Partout, les mêmes bougies, pains d’épices, effluves de cannelle et vin chaud, santons jusqu’à l’overdose. Pour l’exotisme, lisez les étiquettes du Made in China où allez parler religion à l’étal du vendeur de merguez !

Les tenants du tourisme savent exploiter le filon à grand renfort de charters et voyages en cars organisés vers ce qu’ils appellent la magie de Noël, le qualificatif préféré d’Oncle Picsou, chez Disney. En cherchant bien, on peut toutefois dénicher ici où là une raison d’aller s’enrhumer parmi les stands de nougats et peluches. En Alsace – l’un des territoires les plus fertiles en marchés de Noël – c’est le décor alentour qui justifie une visite hivernale: belles architecture à colombages, ruelles médiévales, adorables boutiques. A Hambourg, serait-ce la tenue – en dehors des comptoirs traditionnels – d’un marché de Noël…érotique ?

Dans les courants d’air de la Reeperbahn (le quartier chaud), pas de crèches ni de chaussettes tricotées main. Partout, des objets équivoques « artisanaux » et des images d’un Noël détourné, déconseillé aux enfants. L’endroit est pourtant ouvert à tous, et personne ne semble se demander ce qu’en penserait le Petit-Jésus.