Et si ralentir le tempo redonnait de la saveur au voyage ? Eloge de la lenteur.
« La paresse est nécessaire. Il faut la mêler à sa vie pour prendre conscience de la vie ».
Jacques Chardonne

Devenu phénomène de masse, le tourisme contemporain a la fâcheuse tendance à consommer les déplacements au lieu de les savourer. En France, à Segonzac (en Charente) ou à Mirande (dans le Gers) un panneau estampillé d’un escargot orange annonce votre entrée dans une ville lente. Pareil à Mendrisio, au Tessin. Ces agglomérations ont rejoint le mouvement Cittàslow, un réseau international engagé dans une réflexion sur le développement du territoire. Créé en 1999 en Italie – pays déjà initiateur du slow-food en réaction à la restauration rapide – le concept s’est étendu à plus de 150 villes dans le monde. Toutes ont décidé de défendre leur identité face à la globalisation en valorisant la qualité de vie, l’environnement, le patrimoine, les traditions et la convivialité. Le terme de « lent » peut être mal interprété ; il s’agit surtout de (re)prendre son temps, surtout celui de vivre.

Donner du temps au temps
L’émergence du « slow-travel » traduit une approche plus authentique et plus humaine. Les adeptes de ce courant partent du principe qu’il est plus profitable de vivre peu d’expériences à 100% plutôt que trop à 50%. On veut s’imprégner de chaque destination au contact de ceux qui les habitent. Hôtels classiques et grandes chaines de restaurants sont délaissés au profit de petites adresses moins courues et de séjours chez l’habitant. Evidemment, cet état d’esprit favorise les rencontres
« C’est une façon de voyager qui me donne une vraie impression de liberté grâce à un rapport au temps bien différent de mon quotidien. En faisant un long break, je me suis aperçue que le grand luxe c’était, précisément, le temps », explique Marianne, alerte quinquagénaire.
Justement : qui donc dispose de plusieurs mois de vacances ? A priori, on peut penser que ce type d’expérience est réservée à quelques nantis, puisque le temps, c’est de l’argent. Pour notre bourlingueuse, « Il s’agit surtout d’un état d’esprit applicable aussi bien à une escapade de deux semaines qu’à un week-end prolongé ».

Sur terre et sur mer
Alors que des milliers de voyageurs embarquent sur des paquebots de croisière traditionnels, d’autres revendiquent un supplément de contemplation. À ceux-là, les compagnies maritimes d’affrètement proposent depuis l’an 2000 plusieurs types de voyages aux quatre coins du monde, à bord de leur flotte commerciale. Cette manière de naviguer existait déjà au temps des colonies, sur les navires des Messageries maritimes. Au départ de différents ports français, les bourlingueurs contemporains sont un bon millier à traverser les mers et les océans chaque année sur des porte-containers, pour un périple qui dure en moyenne 18 jours.

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Eloge de la lenteur: Et si vous ralentissiez ?, de Carl Honoré (Poche Marabout)