La plupart des « villes flottantes » contemporaines ressemblent davantage à de clinquants parcs d’attraction qu’à des palaces raffinés. À moins d’avoir les moyens de s’offrir une suite sur de petites unités luxueuses, le croisiériste du XXIe siècle peut bien éprouver la nostalgie de fastes révolus.

Un musée unique restitue l’ambiance et le décorum des navires construits dans les chantiers navals de Saint-Nazaire. Installé depuis un quart de siècle dans l’ancienne base sous-marine, Escal’Atlantic fait naviguer ses visiteurs dans l’univers désuet des grands paquebots transatlantiques. Pas moins de 121 d’entre eux ont vu le jour ici, dans l’estuaire de la Loire. Ce qui en a été sauvegardé témoigne d’un raffinement exclusif.
Le musée illustre aussi de nombreux thèmes sur la vie à bord, l’exploitation des lignes régulières, la propulsion, le travail des équipages, les liens entre compagnies et décorateurs, etc.
Immersion
Une scénographie “grandeur nature” propose au visiteur de plonger dans les différentes parties de vaisseaux aussi mythiques que le Normandie ou le France, conçus à deux pas du musée, comme 129 autres bâtiments devenus – pour la plupart – historiques.
Des centaines de pièces authentiques provenant de ces unités ponctuent un parcours qui – logiquement – commence par un hall d’embarquement  orné de panneaux de laque sculptés et gravés. Cet ensemble trônait dans un salon fumoir de première classe, à la fin de la période Art déco.
Prestige
Des murs aux assiettes, il fallait impressionner (notamment les riches voyageurs Américains). Œuvres décoratives et graphiques, mobilier, gastronomie, bagagerie, accessoires et documents constituent ce qui est sans doute la plus importante collection publique sur ce thème en Europe.
Des dispositifs interactifs et multimédias permettent au visiteur d’explorer différents niveaux de découverte ; il peut ainsi adapter son temps de visite à ses propres centres d’intérêt.
Privilèges 
On s’extasie sur l’évocation d’une salle à manger qui mesurait plus de 80 mètres de long, soit davantage que la Galerie des glaces à Versailles. Les grands lustres (signés Lalique) éclairaient cet espace aveugle au cœur d’un navire.
Voyager en paquebot implique de passer plusieurs jours confiné(e) dans un espace limité, entouré de centaines d’inconnus avec qui il faut bien cohabiter, le temps de la croisière. Pendant les premières décennies de traversées, les passagers n’avaient guère que la lecture, des jeux de société – éventuellement un piano – pour briser la monotonie du périple. À partir des années 1920, les compagnies maritimes mettent tout en œuvre pour occuper leurs clients : elles leur offrent chaque jour un programme d’activités sportives, culturelles, ludiques et festives.

Industrie 
Au-delà d’Escal’Atlantic, une escapade à Saint-Nazaire devrait aussi inclure la visite des actuels chantiers navals. Parc à tôles, aire de prémontage, portiques géants, ateliers…on en prend plein la vue. On découvre le travail des compagnons, l’organisation des flux de panneaux d’acier dont l’assemblage final constituera un navire de croisière ou un bâtiment militaire.

On apprend au passage que le Loire Princesse, fameux bateau à aubes de CroisiEurope – seule compagnie emmenant des croisiéristes sur ce fleuve – a aussi vu le jour dans ces gigantesques infrastructures.
Photos : pichonvoyageur.ch
					






