À quatre heures de vol de la Suisse, à cheval entre Europe et Asie, la Géorgie est connue pour sa gastronomie traditionnelle et ses bons vins.

Qu’est-ce qui explique l’actuel engouement des Romands pour cette république caucasienne ?…Ses grands espaces, qui attirent les baroudeurs avides de randonnées ? L’écotourisme implanté dans les zones rurales ? Les plaisirs balnéaires de la mer Noire ? Le mélange entre modernité et héritage patrimonial, ou – tout simplement – la gentillesse et l’hospitalité des autochtones ?

Oui, les Géorgiens accueillent chaleureusement leurs hôtes, sans arborer toutefois le sourire parfois obséquieux, commun sous d’autres latitudes. Ils sont rarement pris de court lorsqu’il s’agit d’évoquer leur passé : “Les historiens estiment que le tout premier Etat sur le territoire de la Géorgie – le royaume de Kolkhida – est apparu au milieu du Ier millénaire av. J.-C. “, explique Luka Mamniashvili, trentenaire natif de la capitale. “Nous avons vite adopté le christianisme, d’où nos nombreuses églises et monastères orthodoxes dotés de belles architectures“. Et de citer une kyrielle de couvents, comme Mtskheta (connu pour sa célèbre relique : la prétendue Sainte Tunique du Christ),

Randonnées
La nature géorgienne – faite de hautes montagnes enneigées, collines verdoyantes, forêts subtropicales et lacs cristallins – invite aux randonnées dans un environnement heureusement préservé. Au Sud-est, le parc national de Vashlovani se donne des allures de vaste savane sur 48 km2. Quasi déserté par l’Homme, il abrite toute une faune d’oiseaux, de reptiles et – surprise – de gazelles jadis importées d’Afrique. Lovés dans leurs écrins rocheux, d’anciens campements abandonnés se la jouent western.

Premiers repères
Avant de partir à l’aventure, il serait regrettable de faire l’impasse sur Tbilissi, devenue destination urbaine à la mode. Des rues pavées, de vieilles fabriques ou ateliers métamorphosés en concept stores, une architecture futuriste narguant les constructions soviétiques, des bâtiments administratifs reconvertis, à l’instar de l’ancienne poste devenue The Telegraph, hôtel de luxe au design impeccable.

Il est conseillé de gagner la forteresse de Narikala en empruntant le téléphérique au départ de la vieille ville. De cette citadelle, on saisit bien la topographie de l’agglomération qui s’étend sur les deux rives de la rivière MtKvari.
On peut redescendre à pied, à travers figuiers et poiriers, en empruntant des ruelles pentues bordées de vénérables maisons de bois aux balcons ouvragés. On arrive enfin à Abanotubani, le quartier des bains sulfureux. Impossible de le manquer : des dômes de pierre claire émergent du sol, comme des coupoles astronomiques. Il y en aurait eu jusqu’à soixante-cinq dans la capitale ; il n’en subsiste qu’une petite douzaine, dont les dénommés Orbeliani, aux allures de mosquée persane. Pourquoi ne pas s’y offrir une bienfaisante immersion, si l’on ne juge pas rédhibitoires les relents d’œuf pourri ?

Berceau de la viticulture
Les locaux affirment que le mot « vin » viendrait du géorgien ghvino et que leurs traditions œnologiques seraient vieilles de 8000 ans. On veut bien les croire, au vu de l’impressionnante gamme de crus issus des différentes régions du pays, consommées sur place et à l’étranger. Les plus connus sont le vin blanc « Tsinandali », le rouge mi-sucré « Akhasheni », le rouge mi-doux « Kindzmarauli », le blanc sec « Kakheti », le rouge et blanc mi-doux « Alazani Valley ».

Donner du temps au temps
Deux fois moins peuplée que la Suisse, la république caucasienne a connu de profondes mutations depuis la chute de l’URSS. Sa transition se poursuit dans la mouvance de Tbilissi, qui reflète le changement d’image du pays à l’international. Dans les années 1990, l’effondrement du bloc de l’Est avait généré une crise économique et des conflits séparatistes auxquels s’ajoutait une corruption endémique, toujours difficile à éradiquer.
Voyager en Géorgie, c’est aussi accepter de ralentir. Le pays – s’il s’ouvre aux visiteurs étrangers – conserve une forme de retenue. Il ne cherche pas à plaire à tout prix et échappe encore au surtourisme. C’est surtout un climat, une atmosphère, une invite à l’imprévu, au temps suspendu et à la liberté de tracer sa propre route.

Voler vers Tblissi : easyJet

Photos : pichonvoyageur.ch