La capitale allemande continue d’attirer les Romands vers ses musées, son histoire et son esprit cosmopolite. Hors sentiers battus, elle réserve son lot de trouvailles.
“L’Allemagne possède une curiosité anatomique : elle écrit de la main gauche et agit de la main droite.”
Kurt Tucholsky

Pêcheurs de Samoa
L’Île des musées de Berlin fête ses 200 ans. Composée de l’Altes Museum, du Neues Museum, de l’Alte Nationalgalerie, du Bode-Museum, du Pergamonmuseum et de la James-Simon-Galerie, cette unique concentration culturelle figure depuis 1999 au patrimoine de l’UNESCO.
Tout proche, le Forum Humboldt abrite notamment le Musée d’art asiatique. Dans la section océanienne, on découvre cet impressionnant bateau à balancier de Samoa, une rareté dont les dimensions ont exigé qu’elle soit installée dans cette partie du bâtiment avant même l’achèvement des travaux.
Oasis alternative
Un peu caché dans le quartier de Friedrichshain-Kreuzberg, le site RAW est un espace dédié aux projets interculturels, aux expositions et aux marchés, ainsi qu’à des clubs, bars et cantines. Le credo de ce projet alternatif est d’offrir “une culture de haute qualité à bas prix”. Les graffeurs s’en donnent à cœur joie.
Perspectives futuristes
Dans une étonnante architecture et muséographie, le Futurium (entrée gratuite) pose la question de notre avenir et de notre adaptabilité à un monde en chamaille. Alimentation, environnement, démographie, robotique, informatique et urbanisme y sont évoqués à grand renfort d’expériences interactives et autres applications high tech.
Un peu à l’écart des principales thématiques, ce “Trône du crépuscule” est une œuvre forte de Gonçalo Mabunda (Mozambique). Composée de restes d’armes à feu, grenades et autres munitions, elle dénonce les conflits armés au service du pouvoir.
Délire kitsch
Sophie-Charlotte de Hanovre, reine de Prusse, créa en 1703 au château de Charlottenburg un fameux cabinet de porcelaine, réputé le plus grand d’Europe ; une collection unique d’artefacts asiatiques, chinois et
japonais accrochée aux murs ou alignée sur les corniches. Témoignage de l’engouement du 18ème siècle pour l’orientalisme, cette extravagante exposition a été conçue pour impressionner le visiteur.
Espace rural
En matière de consommation, la capitale suit une tendance exponentielle : celle des épiceries bio et autres Hofläden, établissements populaires qui proposent des produits locaux et de saison. Bien plus qu’un simple point de vente, le concept préconise le retour aux sources et l’engagement en faveur de la durabilité. Face aux scandales alimentaires, aux préoccupations environnementales croissantes et au désir d’une alimentation plus saine, les circuits courts sont privilégiés. Le mouvement ne repose pas uniquement sur la qualité des produits; c’est aussi une expérience à part entière, l’occasion de s’informer, de comprendre les méthodes de production et de créer du lien.

Favorisant la convivialité, l’Arminiumsrkthalle s’enorgueillit de posséder la plus longue table de bois de tout Berlin – une douzaine de mètres – constituée de quatre poutres d’un seul tenant.
« Ici habitait… »
Il faut regarder ses pieds : à Berlin comme en d’autres villes allemandes ou belges, les Stollersteine brillent sur les trottoirs pavés. Il y en aurait près de 8.300.
Gunter Demnig – artiste allemand né en 1947 – a toujours été marqué par la guerre et engagé en faveur des victimes. En 1992, il crée un pavé sur lequel sont inscrites les premières lignes du décret de Heinrich Himmler sur la déportation des tziganes à Auschwitz. Le projet prend alors une grande ampleur et Demnig décide de reproduire des pierres similaires pour indiquer où vivaient d’anciens déportés ou victimes du régime national-socialisme entre 1933 et 1945. Les Stolpersteine sont nées. Sur chacune d’entre elles figure l’inscription « Hier Wohnte… » (« Ici habitait… ») suivie du nom de la personne, ses dates de naissance et de décès, ainsi que son destin.
Hôtel musical
Posé sur les rives de la Spree, entre Friedrichshain et Kreuzberg, l’hôtel nhow Berlin a été conçu sur le thème de la musique. L’architecte d’intérieur Karim Rashid l’a agencé comme un cocon futuriste au décorum flashy et chamarré. Récemment doté d’un nouvel espace ludique, l’établissement avait déjà installé deux studios d’enregistrement au 8ᵉ étage. Investis par Universal Music, de nombreux grands noms y ont déjà fait escale.
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Un pas de côté
Berlin possède probablement la plus grande galerie artistique du monde, permanente et à ciel ouvert : East Side Gallery, une section du Mur encore debout sur environ 1,3 km, dans l’ex-RDA. Elle est décorée d’oeuvres réalisées par 118 artistes de 21 pays. La plupart font référence à la liberté et à la paix.
Dans un autre quartier situé en bordure de l’ancienne zone soviétique – Check Point Charlie – l’éditeur Axel Springer a confié au sculpteur Stephan Balkenhol la réalisation d’une œuvre symbolisant la réunification de l’Allemagne. Ainsi est né ce « Balancing Act » dédié à ceux qui font ou ont fait le pas.

Parcours érotique
De nombreuses visites guidées sont proposées à travers la ville. Entre autres thématiques : la sexualité. Berlin a toujours été une ville décomplexée, prompte à remettre en question les normes sociales et à épouser les nouveaux courants. Un parcours nourri par la réalité augmentée renseigne sur les cabarets interlopes des années 1920, l’émergence des sciences sexuelles modernes et la répression nazie, avec plus de 200 photos historiques, des vidéos rares et des archives sonores.
Au programme : l’essor des kinks, des fétichismes et du nudisme dans la scène underground, l’invention (berlinoise) du premier préservatif en caoutchouc.

Lèche-vitrine
À chacun ses adresses. Cheminer à travers Berlin Mitte, c’est aller à la rencontre de croquignolettes boutiques de seconde main, salons de tatouage, bijouteries originales, brocantes et fanfreluches. Leurs tenanciers ne demeurent pas en reste, avec des looks qui célèbrent une fantaisie débridée, comme chez Mask World, spécialisé en déguisements haut de gamme ou chez Lena Hoschek, une créatrice qui s’est fait un nom avec des jupes et des robes couture romantiques.

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Photos : pichonvoyageur