Destination européenne de proximité, la Flandre et ses environs ont tout pour séduire les amateurs d’art, d’architecture et de lèche-vitrines.

« Dans le patois des Flandres, assure un explorateur, «épousailles» se dit «trouwplechtighied». Ce n’est pas un joli dialecte que le flamand ».
Paul-Jean Toulet / Les Trois Impostures

Du sommet du beffroi, la vue est saisissante

A Bruges, il faut commencer par grimper sur le beffroi. Une fois au sommet – à 83 mètres – on bénéficie non seulement d’un vertigineux point de vue sur le Markt – la célèbre place du marché que le monument domine – mais aussi sur tout l’agencement de cette agglomération de 120.000 habitants (soit moins que Berne, à laquelle les vieilles pierres et la présence de l’eau peuvent faire penser).

Haro sur les clichés !

Malgré l’évidente ressemblance avec Amsterdam, il serait hasardeux de parler ici de Venise du Nord, tant l’expression a été galvaudée. De même, les Belges nous en voudraient de mettre en avant les frites, les gaufres, la bière et le chocolat. On ne dira rien, donc, des incontournables chocolateries, biscuiteries et brasseries de la cité. Pas un mot non plus des bâtonnets de pommes de terre saisis à l’huile bouillante, auxquelles la ville va jusqu’à dédier…un musée.

Au cœur de la cité, l’Hôtel de Ville mérite une escale pour l’éclat de sa salle néo-gothique…un décor aux enluminures d’apparence si médiévales qu’on peine à croire qu’il date en fait du début du XXe siècle.

Navigation

Si Bruges se prête admirablement à une flânerie piétonne le long de ses ruelles et canaux, les plus paresseux peuvent aussi emprunter un bateau-navette ou l’une des 12 calèches au tarif réglementé par la Municipalité (environ 40 euros la course de 30 minutes ).
On peut par exemple se faire déposer au célèbre Concertgebouw – palais contemporain de la musique.

Béguinage

Au Sud du centre historique, cet ancien monastère fait figure d’oasis. Edifié au XIIIe siècle par une certaine Marguerite de Constantinople pour y accueillir des femmes seules vouées à une vie pieuse et autonome, il est aujourd’hui classé et abrite encore quelques sœurs bénédictines. De coquettes maisonnettes blanches datant du Moyen-Age tardif signent le charme de ce vaste jardin planté d’arbres séculaires.

A 20 minutes : Gand !

Belge néerlandophone, Gand est trop souvent boudée par les visiteurs de Bruges ou d’Anvers, dont elle partage pourtant quelques prestigieux attributs, notamment architecturaux. Dans le contexte pandémique, la recherche de destinations de proximité – européennes et conviviales – devrait lui valoir un légitime regain d’intérêt.
Le trajet de la gare au centre historique – 10 minutes de tram – ne laisse pas présager des surprises à venir. En longeant ces avenues tristounettes, on songe à la réplique culte et désabusée de Galabru dans Bienvenue chez les Ch’tis : « …mais c’est le Noooord ! »

Incontournables

Et voici qu’on débouche dans le quartier compact du Kuip, le centre historique dominé par ses tours, clochers et beffroi (autant de points de repère capables de jalonner une balade piétonne, la Municipalité ayant rendu quasiment impossible la circulation automobile).
De part et d’autre de la cathédrale Saint-Bavon (où l’on se bouscule pour admirer l’Adoration de l’Agneau mystique, chef d’œuvre polyptyque d’Hubert van Eyck) se déploie un réseau de ruelles bordées par la rivière de la Lys et le fleuve de l’Escaut.
Choisir l’une des nombreuses compagnies de bateliers qui y naviguent peut constituer une première approche séduisante de la ville natale de Charles Quint.

Sur les quais

Pour bien comprendre la richesse médiévale de Gand, il est indispensable d’en parcourir les quais (de préférence de nuit, pour des éclairages féeriques). A partir du XIe siècle, les autorités portuaires imposaient tout bateau chargé de céréales : un quart de la cargaison en guise de taxe…un revenu qui explique la somptuosité des bâtisses autour desquelles Gantois, étudiants et touristes assurent aujourd’hui une plaisante animation.

(Photos : pichonvoyageur.ch)