La capitale belge déroule son fil d’Ariane : un itinéraire jalonné d’hommages au 9ème Art.

« La bande dessinée, c’est comme le cinéma, même si c’est un cinéma de pauvres. »
Hugo Pratt

Tintin, Astérix et Lucky Luke sur les façades de Bruxelles

Comme New York, Berlin, Paris et tant d’autres mégapoles, Bruxelles est un puzzle de quartiers contrastés. Les zones Nord, les Marolles ou Molenbeek sont à arpenter avec prudence. Elles contrastent avec le boulevard de Waterloo ou l’avenue Louise, riches en galeries d’art et superbes bâtiments Belle Epoque. Curieux de tout explorer, on passe presque sans s’en rendre compte d’un secteur à l’autre en suivant un parcours qui – depuis plus de trente ans – séduit les bédéphiles de partout. Leurs repères : un florilège d’une bonne soixantaine de fresques brossées à la gloire de Tintin, Astérix et autre Lucky Luke.

Sur mesure

Dans le quartier des bouquinistes – où l’on vend des albums d’occasion – une façade représente Ric Hochet. C’est l’un des tout premiers murs peints bruxellois, particulièrement réussi.
Le héros des albums de Tibet s’agrippe acrobatiquement à une corniche en trompe-l’œil.
Rue de l’Ecuyer, c’est Gaston – l’inénarrable gaffeur de Franquin – qui s’amuse avec un yo-yo.
Ailleurs, une rupture d’alignement entre des bâtiments crée un espace astucieusement récupéré par Tintin, Haddock et Milou.
Comme la plupart des fresques du parcours, celle-ci intègre des éléments du quartier.
C’est un point sur lequel les autorités insistent beaucoup : que les dessins ne soient pas un simple copier/coller d’une planche préexistante, mais bien une création originale.

Réinterprétations

Chaque année voit apparaitre de nouveaux hommages. Le Chat de Geluck en a déjà reçu plusieurs, comme Blake et Mortimer, dont la Marque jaune a investi un nouveau support, suite à la disparition des deux précédents. Son nouvel emplacement se trouve à deux pas de la rue Ernest Allard, qui a vu naître Edgard P. Jacobs, le créateur du célèbre duo britannique. Spectaculaire, l’image mesure 60 m².
Certaines de ces œuvres ont été épinglées pour les stéréotypes sexistes ou racistes qu’elles véhiculeraient. La Ville de Bruxelles a décidé d’entamer un travail de fond afin de recontextualiser ces représentations de manière à la fois critique et pédagogique. Rue du Charbon, la fresque Broussaille (de Frank Pé) est ambigüe. Ses deux personnages aux allures androgynes se situent en plein quartier gay. Plus explicites, d’autres peintures voisines ont défrayé la chronique. Sur l’une d’elles, on a pu voir un jeune garçon tentant d’échapper à une bordée d’insultes homophobes. Certains membres de la communauté LGBT l’ont jugée contreproductive, et des commerçants ont déploré de ne pas avoir été consultés.

Compléments

Proche la cathédrale, le Centre belge de la Bande Dessinée (musée de la BD) occupe un superbe immeuble Art Nouveau. A l’entrée : la fameuse fusée d’Objectif lune et 2 CV de Boule et Bill, à taille réelle. Les collections permanentes retracent l’histoire du 9ème Art depuis ses origines, avant de détailler les différentes étapes de fabrication des BD – crayonné, encrage, mise en couleurs – et les différents genres, de la SF aux albums pour enfants, le tout illustré par de très nombreuses planches originales.