La prostitution, officiellement interdite aux Emirats – mais tolérée de fait à Dubaï – a transformé cette ville en destination privilégiée du tourisme sexuel dans le Golfe.

« Pas d’injures à ces malheureuses que vous coudoyez le soir dans la rue. Souvenez-vous que la plupart ont été livrées à la prostitution par la faim et se sont laissées tomber dans le ruisseau pour ne pas se jeter à la rivière. »
Victor Hugo / Post-Scriptum de ma vie

Nuits chaudes à Dubaï

Dubaï accueille une très forte population expatriée et a attiré 19 millions de visiteurs en 2019. La consommation d’alcool est autorisée dans les hôtels, les bars, les restaurants et les night-clubs disposant d’une licence spécifique, même si elle reste interdite dans l’espace public. C’est généralement dans de tels lieux que des travailleuses sexuelles racolent le client potentiel, s’accordant avec lui sur le montant, la durée et la nature de la prestation. Il est ainsi possible de s’attacher le service d’une escort girl durant tout ou partie de son séjour dans l’Emirat. Une hiérarchie tacite considère les prostituées chinoises, philippines ou indiennes de moindre valeur que leurs homologues d’Asie centrale, elles-mêmes moins appréciées que les Européennes, qu’elles soient russes, ukrainiennes ou occidentales. Les partenaires arabes demeurent les plus rares, donc les plus recherchées, car opérant moins souvent dans l’espace public.
Le nombre de prostituées actives à Dubaï, estimé dès 2010 à 30.000, est parfois évalué à 45.000. Des médias ont décrit de véritables catalogues de prostituées, avec les transactions qui peuvent en découler autour de la piscine d’un grand hôtel.

Extrait d’un « catalogue » en ligne

La pandémie de coronavirus ne devrait pas affecter cette réalité, bien au contraire. En effet, la campagne menée de manière volontariste aux Emirats a déjà permis de vacciner plus d’un tiers de la population contre la Covid-19. Un argument supplémentaire pour les sites spécialisés qui vantent sur Internet les charmes des « vacances sexuelles » à l’ombre de la tour Burj Al Khalifa.

(Source : Jean-Pierre Filiu / Le Monde)