Dans l’Égypte antique, hommes et animaux participent à l’équilibre cosmique : ibis, cobra, chat ou chacal sont associés aux divinités, mais le panthéon pharaonique n’est pas une ménagerie.

« Il y a environ quatre mille ans commençait en Egypte la grande aventure de la domestication du chat. A peu près au même moment en Chine était inventé le jeu de Go ».
Didier Hallépée / Nombres en Folie – les divagations du mathématicien fou

Pourquoi autant d’animaux dans l’héritage de l’Egypte antique ?

Les autorités égyptiennes annoncent régulièrement des découvertes archéologiques, dans le but entre autres de relancer le tourisme, actuellement durement frappé par la pandémie. Elles ont proclamé récemment la mise au jour de 14 nouveaux sarcophages, trouvés au fond d’un puits de la nécropole de Saqqara (sud-ouest du Caire). Ces objets datent d’environ 2500 ans. Cette découverte s’ajoute à celle de 13 autres sarcophages au même endroit, il y a peu. Classé au patrimoine mondial de l’Unesco, le site a mis au jour ces dernières années de véritables trésors, ainsi que de nombreux animaux momifiés (serpents, oiseaux, scarabées, etc.)


Les chats, en particulier, étaient révérés comme l’incarnation de la déesse Bastet.
Cette dernière était initialement (au IIIe millénaire avant J.-C.) une lionne, divinité de la guerre.
Au fil des siècles, elle est devenue chatte et protectrice du foyer.

On momifiait des animaux pour deux raisons. Soit, c’est le plus fréquent, des dévots d’une divinité voulaient lui rendre hommage, la remercier pour une faveur ou lui en demander une. Meilleur moyen : lui offrir une petite momie de l’animal qui lui était associée. Cette momie-animal servait de véhicule, d’intermédiaire entre le dieu et les dévots. L’autre raison était que dans certains cas, certains animaux étaient considérés comme incarnant la divinité sur terre pendant leur vie ici-bas.
En Egypte, la valeur de la représentation est essentielle, elle est quasiment magique.

Le dieu Sobek, associé au crocodile. La nature profonde d’un dieu reste inaccessible ; en revanche, il y a des manifestations divines qu’on peut expliquer par le comportement animal

Comme le souligne Hélène Guichard (Conservateur en chef au Département des antiquités égyptiennes du Musée du Louvre) « Les animaux ne sont pas des dieux en Egypte. On a trop longtemps vu dans le rapport des égyptiens à la faune une espèce de zoolâtrie obscurantiste. En fait, on n’adore pas des animaux, on adore des réceptacles de la divinité. On va comparer le comportement éthologique d’une espèce à un trait caractéristique d’une divinité ».

La nature profonde d’un dieu reste inaccessible ; en revanche, il y a des manifestations divines qu’on peut expliquer par le comportement animal

Anubis / chacal
Hetepes-Sekhous, déesse cobra

A noter que la momification animale semble avoir constitué un business extrêmement lucratif pour les prêtres qui le pratiquaient, souvent sans scrupules. Ils tenaient ainsi des élevages de chatons, à qui ils brisaient le cou avant de les embaumer pour les vendre aux pèlerins à l’entrée des temples. Les visiteurs les déposaient dans des catacombes comme une offrande aux divinités. Mais, en passant au scanner les momies conservées dans les musées, les égyptologues ont découvert une arnaque. Souvent, les bandelettes sont vides, ou ne contiennent qu’un morceau de squelette ! D’où l’hypothèse que les religieux vendaient des faux aux croyants trop… crédules.

Horus / le faucon

(Source : France Culture, Ca m’intéresse / Philippe Bordes)