Que penser de la polémique sur le déplacement des trésors archéologiques…Devraient-ils toujours rester sur place, ou peut-on justifier leur transfert ?

« Un archéologue fouille toujours animé d’un double espoir. Nous ne savons jamais si nous trouvons ce que nous cherchons, ou si nous cherchons ce que nous trouvons. »
Henning Mankell / Le cerveau de Kennedy

Une allée majestueuse

Vieux d’environ 3 500 ans, les sphinx à tête de bélier et corps de lion ont longtemps orné le temple de Karnak, dévolu au dieu Amon, l’une des principales divinités du panthéon égyptien. Le ministre égyptien du tourisme et des antiquités et le secrétaire général du conseil suprême des antiquités ont inauguré le plus grand projet de rénovation visant à sauver 29 de ces statues. Quatre d’entre elles, situées derrière le premier pylône du temple ont été déplacées sur la place Tahrir du Caire, épicentre de la révolte populaire de 2011, au grand dam de certains Louxoriens : « Je suis contre le transfert des statues. Ça m’attriste », a regretté Ahmed Idriss, un député du gouvernorat de Louxor. « Louxor est un musée à ciel ouvert qu’il aurait mieux valu développer car la valeur des monuments est liée à leur emplacement historique », a-t-il ajouté.
Les quatre pièces de grès ont été installées autour d’un obélisque de granite rose trois fois millénaire portant une représentation du roi Ramsès II, pharaon de la XIXe dynastie (1301-1236 avant J.-C.). Ce dernier avait été déplacé quelques mois plus tôt du site archéologique de Tanis, dans le delta du Nil. Ce projet urbanistique, lancé par les autorités en 2019, s’est attiré également les foudres d’archéologues, de militants et d’universitaires, en raison notamment de l’exposition des pièces antiques à la pollution et à l’érosion.

Fin 2019, une pétition demandant l’arrêt des travaux a été adressée au président Abdel Fattah al-Sissi. Invoquant la Convention de Venise pour la restauration et la préservation des monuments, les avocats d’une ONG locale ont même entamé une procédure judiciaire dénonçant la mise en danger d’objets inestimables. Face aux craintes de voir les voir vandalisés, le ministre du Tourisme a affirmé que les piédestaux avaient été construits afin que personne ne puisse les toucher. Il a assuré que les nouveaux monuments de la place seraient aussi régulièrement entretenus.
A Louxor, il est apparu clairement que le reste des statues – pesant chacune 5,5 tonnes – avaient subi des dommages importants. Cela a été attribué à leur mauvais transport et stockage dans les années 1970, lorsque les spectacles son et lumière du temple de Karnak ont commencé. Il a donc été décidé de les restaurer et de les protéger contre d’autres dommages. Une fois les travaux de conservation terminés, les statues seront placées sur une base moderne en béton afin d’assurer leur préservation.

(Sources : Travel Inside / The Times of Israel)