En Afrique du Sud, des milliers de fauves sont élevés chaque année dans le seul but d’être abattus par des chasseurs fortunés. En toute légalité.

« Même avec un calibre lourd dans les mains, on essaie de se faire plus petit quand un lion vient à vous de cette manière ».

Le Lion (Joseph Kessel)
Le triomphe du fin chasseur

En Afrique du Sud, des milliers de fauves sont élevés chaque année dans le seul but d’être abattus par des chasseurs fortunés. En toute légalité.
La pratique du canned hunting est née dans les années 1980. La faune sauvage se raréfiant, les adeptes de la chasse aux trophées ont constaté qu’il leur fallait beaucoup plus de temps – parfois jusqu’à trois semaines de safari – pour abattre un lion en Tanzanie, en Namibie ou au Zimbabwe. Les Sud-Africains – inspirés par les élevages européens de faisans aux mêmes fins ? – ont flairé le bon plan : pourquoi ne pas élever des lions spécialement pour la chasse ? Les clients – le plus souvent nord-américains – peuvent ainsi faire l’aller-retour dans la journée, tuer la bête, et repartir.

La captivité avant le sacrifice aux chasseurs de trophées

Cette chasse existe dans de nombreux pays et touche différentes espèces mais aujourd’hui, ce sont bien les lions qui en sont les grandes victimes. Et ça rapporte ! Dans cette version féline et lucrative du tir aux pigeons, il vous en coûtera entre 15 000 et 30 000 dollars pour abattre le roi de la jungle. Cette chasse est dénoncée par les défenseurs des animaux pour sa cruauté. Mais elle est aussi décriée par la majorité des chasseurs, qui estiment qu’elle dévoie le véritable esprit de la chasse, en ôtant un élément fondamental : la possibilité pour l’animal de s’échapper.

Les grands félins ne sont pas les seules cibles des chasseurs de trophées

Le système est bien rodé..Des fermes d’élevage – sous couvert de participer à la conservation de l’espèce – dorlotent les grands fauves et accueillent les touristes dans des lodges attenants. Jusqu’à 4 ou 5 mois, ils peuvent payer pour nourrir les lionceaux au biberon. Quand l’animal grandit, ces fermes organisent des promenades avec les fauves ou des tours en jeep pour les admirer. Puis quand le félin atteint ses 3 ans, il peut être vendu à ces fameuses fermes de chasse, où il n’a aucune chance de survie.

Des associations spécialisées estiment qu’il suffirait d’interdire l’importation des trophées d’animaux sauvages dans l’Union européenne et aux Etats-Unis pour porter un coup fatal à cette industrie.


(Sources : Géo, Nouvel Obs)