Suivez le guide : une ligne verte astucieusement peinte à travers le chef-lieu du département de Loire-Atlantique offre la garantie d’en saisir l’essentiel lors d’une plaisante balade piétonne.
« ll pleut sur Nantes, donne-moi la main. Le ciel de Nantes rend mon cœur chagrin »
Barbara
On traverse l’élégant passage Pommeraye, créé sous Louis-Philippe. En y tournant une scène mythique, le cinéaste Jacques Demy contribua à faire de ce décor cossu l’un des symboles d’une communauté urbaine capable de défier les crises. Mise à mal par les bombardements de 1943, cette opulence ne connut qu’un déclin provisoire. Durant ces dernières décennies, le renouveau s’est accéléré sous la houlette d’élus entreprenants et de quelques visionnaires décomplexés qui lui ont ajouté un grain de folie.
Parcours historique
Une visite du Musée sis au château – magistralement restauré – constitue la meilleure introduction à ce qui a forgé l’identité nantaise.
Une trentaine de salles combinent pièces de collection et installations multimédia. On y saisit l’histoire de la construction navale, la traite négrière, les drames de la Révolution, le passé colonial, celui des conserveries et savonneries.
On ne fait pas l’impasse sur la biscuiterie LU dont les Petits Beurres ont assis la réputation. Dans le quartier de la gare ferroviaire, l’ancienne usine Lefèvre-Utile illustre bien la transition réussie entre industrie d’autrefois et culture d’aujourd’hui.
Les initiales LU se comprennent aujourd’hui comme Lieu Unique, depuis que la friche a été métamorphosée en centre culturel.
Pari tenu
Réhabiliter une zone industrielle constitue toujours un défi. Comment redonner vie à ces espaces abandonnés sans trahir l’esprit qui les animait ? A bien des égards, la proposition nantaise est une réussite. Elle obéit à un plan d’urbanisme assurant une plaisante mixité entre habitat, entreprises, bâtiments administratifs ou de loisirs. Pavés, rails, grues et cales sèches ont été conservés autour d’espaces verts où ferraille et végétation font bon ménage.
Fantaisie
Emblématiques de ce parti pris : les anciens chantiers navals, dont les hangars abritent aujourd’hui les ateliers de deux géniaux allumés : François Delarosières et Pierre Orefice – créateurs d’automates géants. Le plus célèbre d’entre eux est un éléphant de 12 mètres de haut, capable de se mouvoir et d’emmener en promenade une cinquantaine de passagers.
Le Voyage à Nantes
La spectaculaire complémentarité entre art, culture et tourisme n’est pas le fruit du hasard. Elle a été consciemment planifiée par quelques esprits éclairés qui ont parié sur cette synergie pour en faire un véritable levier économique. Cheville ouvrière de ce rassemblement de collectivités locales : Jean Blaise, dont les précédentes réussites – Nuits Blanches à Paris, notamment – avaient déjà concrétisé des concepts novateurs.
« Pour l’ensemble de nos activités, nous gérons grosso modo un budget annuel de 34 millions d’euros », précise l’inspirateur du Voyage à Nantes, très imprégné par une volonté de cohérence dans la réalisation des projets. L’agglomération lui doit sa forte identité visuelle.
Exposition
Deux Suisses à l’honneur Jusqu’au 8 mai 2023, la superbe Galerie HAB – ancien hangar à bananes – accueille à Nantes les toiles des frères Rabus, Till et Léopold.
Les scènes de genre, les natures mortes et les paysages de ces deux Neuchâtelois reflètent un univers peuplé d’animaux sublimés parfois étranges, dans des tableaux de chasse ou des natures mortes chargées de symboles, voire d’érotisme.
Leurs créations intègrent déchets et objets de consommation. Parfois burlesques, elles sont toujours savamment orchestrées pour refléter l’ambiance baroque dans laquelle les deux quarantenaires disent avoir baigné. On perçoit ici et là des références à Arcimboldo, Bosch, Goya ou Bacon.
Ligne verte
Chaque été, le parcours se réactive et s’enrichit pour poser sur la ville et ses environs un regard nouveau et toujours aussi curieux. Le festival a lieu à Nantes en juillet et août, 7 jours sur 7. Rendez-vous du 1 juillet au 3 septembre 2023 pour la prochaine édition. Au programme : des installations éphémères, des œuvres d’art et des lieux de convivialité pour redécouvrir la ville. Voir les détails ICI.
Photos : pichonvoyageur
