Cet été, le Pilatus Kulm, mythique établissement d’altitude, fête son 125e anniversaire. Emboitons donc le pas aux pionniers de la seconde moitié du XIXe siècle, et honneur aux Britanniques qui – en tête de cordée – initièrent l’engouement pour le Mont Pilate ! Exorcisant les peurs ancestrales de la montagne, la reine Victoria elle-même s’y aventura en 1868, comme le rappelle sur place le restaurant Belle-Epoque portant son nom.
Les sommets de Suisse centrale abritaient des dragons au caractère versatile. A la bravoure des preux Winkelried pourfendeurs de ces créatures de légende succède aujourd’hui celle des ingénieurs, techniciens et constructeurs d’installations mécaniques défiant le vertige et les caprices de la météo. Il a fallu prévoir de nombreuses rotations d’hélicoptères et les ouvriers ont œuvré par tous les temps pour assurer l’inauguration – le 1er avril dernier – des nouvelles nacelles aérodynamiques reliant la station Fräkmüntegg (arrivée du télécabine de Kriens) au sommet du Mont Pilate.
Pour atteindre le Pilatus Kulm – et pour varier les plaisirs à la montée ou à la descente – on peut aussi emprunter le parcours train à crémaillère le plus raide du monde, au départ d’Alpnachstad. Fièrement présenté à l’Exposition Universelle parisienne de 1889, ce rail crénelé demeura longtemps une exclusivité helvétique. La même année fut mise en service la première locomotive à vapeur adaptée au système, sortie des ateliers de Winterthur. Il fallut attendre 1937 pour assister à l’électrification de la ligne, épargnant enfin une grosse consommation d’eau et les plus de 300 kilos de charbon exigés par chaque aller-retour. Seul inconvénient: la vulnérabilité des poteaux exposés aux couloirs d’avalanches. En voiture !