Les attractions touristiques impliquant des animaux sont aussi souvent le lieu de graves dérives.

« On ne peut pas se fier à un homme qui n’aime pas les animaux ».
Margaret Millar / Les murs écoutent

Un amusement irrespectueux de l’animal

Les parcs marins et delphinariums existent encore, bien que de nouvelles réglementations soient en passe de les supprimer. Dans les parcs marins, des orques mais aussi des dauphins sont forcés de réaliser des numéros dans des bassins exigus (alors qu’ils sont censés nager près de 160 kilomètres par jour dans leur milieu naturel).
A la recherche de la photo inédite au succès assuré sur les réseaux sociaux – ou simplement pour le plaisir d’une expérience excitante avec la faune locale – le tourisme animalier attire chaque année des milliers de visiteurs. Se promener à dos d’éléphant, faire un selfie avec un tigre, nager avec les dauphins, câliner un koala… Ces pratiques répandues ne sont pas sans conséquence pour la faune qui subit trop souvent de la maltraitance physique et psychologique.

Environ 830 tigres en captivité étaient recensés en Thaïlande pour réaliser des spectacles ou des selfies en 2016.
Les fauves seraient soumis à des dressages punitifs, et contraints à réaliser des performances très stressantes comme sauter à travers un cercle enflammé lors de ces exhibitions.
Maintenus en captivité dans de petites cages ou enchaînés, certains félins développeraient des troubles du comportement.
A noter qu’à l’état naturel, les tigresses parcourent entre 16 à 32 kilomètres en une seule nuit…
Les touristes ont parfois l’opportunité de nourrir et caresser les jeunes tigres, qui ont été enlevés à leur mère deux à trois semaines après leur naissance.
Pour réaliser des selfies, ils sont la plupart du temps drogués et dépourvus de leurs griffes.
D’autres animaux sont les victimes de ce type de pratiques : les singes, les hiboux ou encore les paresseux, capturés dans leur milieu naturel.

Pour que l’éléphant se soumette à l’homme et que ce dernier puisse le monter, des éléphanteaux sont souvent capturés dans la nature, puis enfermés et enchaînés dans des cages étroites.
A noter que leur exploitation pour des balades dans la nature n’est pas toujours condamnable.
Les pachydermes ont besoin d’exercice, et le poids des touristes embarqués ne pose pas problème, pourvu que le dispositif servant de selle soit correctement adapté.
Par ailleurs, la survie des éléphants d’Asie dépend éminemment de la manne touristique.

Connaissez-vous l’envers du décor sur les « charmeurs de serpents » comme on en voit encore en Inde ou à Marrakech, par exemple ? Le reptile est loin de danser au rythme de la flûte comme on le laisse à penser. Dépourvu d’oreilles externes, il ressent essentiellement les vibrations. Ainsi, le rythme des pas effectués sur le sol par le charmeur associé au mouvement de la flûte est perçu comme une menace par l’animal qui se dresse en position défensive. Par ailleurs, sa gueule est parfois cousue, les glandes contenant son venin souvent arrachées (or celui-ci lui permet de digérer sa nourriture).

Malheureusement, la liste des dérives de ce type est encore longue. Elle concerne aussi l’exploitation d’animaux légalement considérés comme domestiques. On peut ainsi souligner l’état alarmant de nombreux ânes sur l’île de Santorin, ou de chevaux utilisés abusivement pour des tours en calèche (Egypte, Jordanie).
Aujourd’hui, la demande touristique en matière d’expériences éthiques avec les animaux progresse. Mais la solution n’est-elle pas, au fond, de cesser les interactions artificielles entre l’homme et l’animal sauvage ?

(Source : Valentine Ambert / Youmatter)