Au sortir des dernières vagues de Covid-19, la Perle du Sud – comme on l’appelle aussi – n’a rien perdu de son pouvoir attractif.

« Lorsque je découvris le Maroc, je compris que mon propre chromatisme était celui des zelliges, des djellabas et des caftans ».
Yves Saint Laurent

Koutoubia de Marrakech
Un reflet de la Koutoubia, à Marrakech

Lovée entre la côte atlantique et le Sahara, entre les plaines irriguées et les montagnes de l’Atlas, Marrakech, la ville qui a donné son nom au pays est souvent symbolisée par son élégante Koutoubia, mosquée dont le minaret est à l’ancienne capitale marocaine ce que la tour penchée est à Pise. Ce monument domine quelques palais et remparts presque uniformément ocre-rose, ainsi que la mythique place Jemaa el-Fna, classée par l’Unesco pour son unique animation.

féerie nocturne de Jemaa el-Fna

Si cet ancien lieu d’exécution ne présente aucun intérêt architectural, il n’en demeure pas moins le point névralgique de la vie urbaine. Dès la fin de l’après-midi s’y installe invariablement le même théâtre populaire dont les acteurs sont les acrobates d’Amizmiz (spécialistes des pyramides humaines), les charmeurs de serpents, les porteurs d’eau à la coiffe chatoyante, les conteurs, les dresseurs de singe (hélas), les chiromanciennes, sans oublier tous les vendeurs ambulants dont les étals répandent toujours leurs effluves de friture, oranges et amandes grillées.

Médina

Il faut s’égarer dans cet improbable dédale pour ne rien perdre de ses ateliers d’artisans ébénistes, pacotilles de souk, échoppes de barbiers, antiquaires, herboristes et autres bouchers chassant les mouches d’une palme nonchalante à côté des ânes et des chats faméliques.

Effervescence de souk

Le rituel n’ayant guère évolué depuis le Moyen-âge, l’immersion dans ce bouillon de vie procure une merveilleuse sensation de dépaysement temporel, esthétique et olfactif. Ne pas manquer de s’approvisionner en olives ou épices (curcuma, safran, piment rouge et – moins attendus – escargots vivants) !

Gastronomie

Choisir un bon restaurant climatisé pour y savourer un authentique repas marocain, comprenant de multiples entrées (salades, légumes) et un plat principal (couscous, tajine de poisson, poulet ou agneau).
Au dessert: pastilla au lait, thé de menthe.

Se rafraîchir à la Menara

Havre de fraîcheur

A quelques pas, la Menara est un vaste parc impérial clôturé d’une enceinte en pisé. Un élégant pavillon de plaisance s’y reflète dans un vaste bassin. C’était le rendez-vous galant des sultans, dont on raconte que l’un d’eux avait pour habitude de jeter chaque matin à l’eau l’élue de la nuit. Cela ne semble pas refroidir les amoureux d’aujourd’hui, nombreux à courtiser ce cadre harmonieux.

Photogénie

D’autres vont rêver au raffiné Jardin Majorelle – fief du regretté Yves Saint-Laurent – ou au féerique palais de la Bahia (« la Belle », ainsi nommé en l’honneur de la favorite), où s’exhalent des senteurs de cyprès et jasmins.

Riads

Ces anciennes demeures offrent des chambres généralement exigües, réparties autour d’une cour intérieure avec fontaine ou pièce d’eau…exactement ce qui convient au voyageur épuisé par la canicule et le tintamarre alentour.
Ces établissements échappent encore aux critères d’évaluation établis pour l’hôtellerie traditionnelle. Les meilleurs, parfois délicieusement meublés et décorés, peuvent offrir un étonnant rapport qualité-prix en pension complète. D’autres, gérés par des dilettantes, dénaturent le même concept. Car il ne suffit pas d’investir dans les vieilles pierres un fonds de retraite batave ou britannique pour acquérir – par la magie d’Aladin – le savoir-faire hôtelier, le bon goût ou le simple respect des structures locales. Méfiance, donc : il y a de l’arnaque dans l’air ! Dans une offre devenue pléthorique, le bouche à oreille devrait finir par trier le bon grain de l’ivraie.

Le charme de l’habitat traditionnel

Photos: pichonvoyageur.ch