Devenu musée interactif, cet ancien bunker de la Seconde Guerre mondiale ramène au concept du « Réduit national ».

« A vivre trop longtemps avec un bunker à la place du cœur, on s’habitue à l’obscurité.»

Mathias Malzieu / Le Plus Petit Baiser jamais recensé

Un accès autrefois bien camouflé

Le Fort de Chillon (juste en face du célèbre château) a fait partie du concept général de « Réduit national » instauré par le Général Guisan en 1941, suite à la défaite des troupes françaises au début de la Seconde Guerre mondiale. Menacée par une éventuelle invasion des forces germaniques, la Suisse allait se calfeutrer dans tout un réseau de cavernes aménagées sous ses montagnes et dument équipées pour loger et nourrir les soldats affectés à la défense des voies et sites stratégiques. Voir ICI la vidéo.

Creusée et aménagée en 1941, cette pièce du puzzle est devenue obsolète en 1995. Déclassifié définitivement au début de ce siècle, puis racheté par des particuliers en 2010, le fort allait connaître une nouvelle vie par l’impulsion de particuliers décidés à investir 9 millions dans sa réhabilitation et transformation en musée interactif.

Réalisme

La visite bénéficie grandement d’une scénographie ingénieuse et spectaculaire, plongeant le visiteur dans le quotidien de ces troupes confinées dans une fourmilière.
En lieu et place de mannequins, des projections filmées avec des acteurs en uniforme confèrent aux différents espaces un cachet « vivant » saisissant : on y suit les scènes de la vie du soldat comme si on était dans le fort entre 1942 et 1995. Le parcours est enrichi de jeux de stratégie et de réalité augmentée, d’espaces didactiques, etc.
En prime : le droit de tout toucher, au grand bonheur des enfants qui prennent plaisir à jouer à des jeux interactifs – comme des batailles navales – ou à consulter les plans topographiques de la Suisse en temps de guerre. Ecouter ICI l’épisode de podcast.

Bien armé

Le fort possédait quatre canons antichars avec 144 obus chacun.
Censé combattre les tanks et véhicules ennemis engagés le long de la route et de la voie ferrée en direction de Montreux ou Villeneuve, les soldats étaient bien entraînés à atteindre leurs cibles, le cas échéant.
L’armée a mis à disposition du musée tout ce que l’on peut y observer comme armement et munitions, ainsi que des documents intéressants sur les hommes mobilisés.

Un bloc opératoire

Le médecin était un officier chargé de soigner les malades, d’organiser les visites sanitaires, voire les opérations en cas de blessures de guerre.

Une annexe à l’infirmerie rassemble des photographies éloquentes sur ce sujet…sans doute des supports de formation pour les recrues sanitaires.

Le musée espère quelques 70 000 visiteurs par an.

A table !

On visite aussi les cuisines du bunker. On y assiste à la préparation des rations quotidiennes servies dans un réfectoire animé par des soldats dialoguant joyeusement sur l’écran en français, italien et allemand.

Un vestiaire « propre-en-ordre », avec tout le barda