Narguant les townships, de clinquants sites touristiques soulignent les disparités d’un pays fascinant.

« Lorsque les Blancs sont venus en Afrique, nous avions les terres et ils avaient la Bible. Ils nous ont appris à prier les yeux fermés : lorsque nous les avons ouverts, les Blancs avaient la terre et nous la Bible ».
Jomo Kenyatta

Splendeur des grands espaces sud-africains

Tout amateur de plaisirs balnéaires devrait se rendre – au moins une fois dans sa vie – à Kalk Bay, l’une des perles d’Afrique du Sud, à courte distance du Cap.
Imaginez un petit port aux bateaux de pêche multicolores, une colonie de phoques, des baleines batifolant au large ! Imaginez une taverne impeccable où, les pieds dans l’eau, vous dégustez des poissons tout juste capturés ! Imaginez une kyrielle de librairies, boutiques et brocantes aussi croquignolettes les unes que les autres !
Au cours du siècle dernier, Kalk Bay est devenue le fief privilégié des artistes, écrivains et musiciens. Une bonne partie de son patrimoine architectural a été rénovée et préservée. « Ici, l’achat d’une maison est un processus fastidieux, car personne ne veut quitter les lieux », relève le chef de la coquette gare en sirotant un mojito au bar attenant. Dûment barricadées, les zones résidentielles se donnent des allures de condominium californien.

Condominium de luxe à Kalk Bay

Khayelitsha
Mais qu’est-ce qui a bien pu attirer Bill Gates dans le deuxième plus grand township du pays ? « Des préoccupations humanitaires », répond-on dans Khayelitsha. De fait, point n’est besoin de s’y attarder pour être saisi par ce concentré de précarité. Au pays le plus inégalitaire du monde, ce type de bidonville témoigne des disparités abyssales qui affectent encore la première économie industrialisée du continent.

Photo elitshannews.org

« La séparation des races est toujours de mise dans la répartition du travail : blancs sont les propriétaires et les patrons, noirs sont les travailleurs », dénonce Bulelani, jeune père de famille bien scolarisé qui fait office de guide entre les baraques de planches et de tôles.

Heureuses initiatives
Dans un contexte où le chômage des moins de 24 ans jeunes atteint 54%, certains jeunes ont décidé de prendre leur destin en mains. Un mouvement indépendant s’est mis en marche dans les townships du pays ; cet élan n’attend ni l’intervention du gouvernement ni les nombreuses ONG installées dans les quartiers pauvres.
Ici, c’est un potager que l’on a créé pour développer le négoce de primeurs bio. Les enfants s’y initient au jardinage.

Gastronomie
Au township de Khayelitsha, la vraie surprise surgit du 4Roomed Ekasi Culture Restaurant, fondé par une certaine Abigail Mbalo, ancienne finaliste de Master Chef Afrique du Sud. C’est un établissement où les locaux comme les touristes peuvent découvrir une cuisine de township revisitée. On y sert notamment de la pap – une polenta version sud-africaine – accompagnée de légumes goûteux. Max, le manager, entend installer des jardins sur les toits du bidonville. Il a toutefois conscience que le manque d’eau risque de contrecarrer ses plans. « Mais nous avons surmonté tant d’autres obstacles ! ». Et puis, la petite équipe peut compter sur l’appui d’une agence de voyages helvétique – Voyageplan – qui s’est fixé pour objectif de soutenir ce genre d’initiative courageuse.

Une adresse « gastronomique » en plein township !

Sizwe Nzima a investi dans un vélo pour rouler d’une clinique à l’autre, récupérer des médicaments et les apporter aux patients. Il n’imaginait pas rencontrer le succès. Aujourd’hui, il a pu embaucher cinq autres camarades.

Cette jeune habitante du township s’est appliquée à créer sa propre ligne de mode.

Photos : pichonvoyageur.ch