La Covid-19 a mis en évidence la transmission inter-espèces de virus sur les marchés asiatiques. L’alimentation et la restauration ne sont pas les seules impliquées. Il faut ajouter le tourisme et la médecine traditionnelle.

« Les Chinois mangent tout ce qui a quatre pattes sauf les tables, tout ce qui est dans l’eau sauf les bateaux, et tout ce qui vole sauf les avions ».
Dicton populaire.

Un regard qui en dit long

Quiconque a voyagé en Asie aura été frappé par ces étals de bêtes mortes ou vivantes : pas seulement des insectes, volailles, reptiles ou crustacés. Les sensibilités occidentales sont choquées par la présence d’animaux considérés ici comme domestiques, là-bas cruellement entravés dans l’attente d’un funeste destin. Ces coutumes seraient-elles en train d’évoluer ?


A noter que la consommation de viande de chien est déjà minoritaire dans l’Empire du Milieu ; elle concernerait moins de 20% d’amateurs dans le centre, l’ouest et le sud, et plus de 65% des Chinois n’y ont jamais goûté.
Il n’existe pas d’élevage de ces mascottes ; les animaux vendus sont généralement volés ou errants.
Le ministère de l’Agriculture chinois a proclamé au printemps 2020 qu’avec les progrès de la civilisation humaine, les chiens et les chats seraient élevés au rang d’animaux de compagnie, donc plus assimilés à du bétail.
Il a interdit leur consommation à Shenzhen ; une première, mais la Chine est vaste et les traditions tenaces.

A Canton, le chat, au rayon de la volaille
Le ragoût de rat a aussi la cote. Qui connaît la recette ?

Quid des espèces sauvages ?

Parmi les mesures prises pour faire face au Covid-19, le Congrès national du peuple chinois annonçait en 2020 une interdiction permanente du commerce et de la consommation des animaux sauvages non aquatiques.
Et pourtant, la police a récemment déniché 10 000 oiseaux de l’espère menacée Bruant auréole dans une grange des environs de Pékin.
Ils attendaient d’être envoyés vers des restaurants de Chine méridionale, où ils sont proposés, très cher, comme une délicatesse.

Si le souci du bien-être animal se répand parmi les jeunes générations, quid des animaux sauvages, sous des latitudes où l’on organise encore des banquets de singes, et où l’on a aussi récemment autorisé un médicament à base de bile d’ours, sans preuve d’efficacité ? Cette promotion risque de se traduire par une augmentation des volumes prélevés, non seulement aux dépens des animaux maintenus en captivité, mais aussi de ceux vivant en liberté.
La médecine traditionnelle chinoise utilise aussi des os de tigres, de la corne de buffle, des écailles de pangolin. La soupe au pénis de tigre, mets délicat, est censée renforcer les performances sexuelles de l’homme. Dans ce contexte, les intérêts financiers sont énormes. Le commerce du pangolin est par exemple interdit depuis 2016 en vertu de la Convention internationale sur le commerce d’espèces sauvages menacées d’extinction, mais en vingt ans, près de 900 000 spécimens ont été vendus illégalement à travers le monde. Il est souvent possible d’acheter des autorisations ou de corrompre les autorités.

Dans le quartier chinois de Manille (Philippines), ces cochons de lait sont embrochés sans même avoir été étourdis.

Les influenceurs des réseaux sociaux et des médias publics ne devraient-ils pas se mobiliser pour démentir les illusions et les superstitions associées à la consommation d’animaux sauvages ?

(Sources : Le temps / projectsyndicate / France Culture)