Autant que le voyage lui-même, c’est le projet de départ qui fait du bien. L’absence de futur touristique peut s’avérer pesante.
« Je passais mon temps à lire des récits de voyage et des romans d’aventures. Grâce à la bibliothèque de mon père, je découvris qu’on pouvait voyager à travers le monde sans jamais bouger de chez soi « .
Maxence Fermine / Le tombeau d’étoiles
De récentes études démontrent qu’une écrasante majorité d’entre nous éprouve un véritable manque en matière de voyages, après six mois de restrictions et de privation de liberté ; d’où le stress lié à l’enfermement ; un stress réel que les thérapeutes s’emploient à tenter de réparer à travers prescriptions d’anxiolytiques et autres disciplines alternatives allant de la méditation à la sophrologie.
Mais, plus que tout, c’est l’absence de projet qui fait du mal. En effet, le projet est traditionnellement un moyen d’échapper à un quotidien difficile et de se projeter dans un avenir plus ou moins proche qui, une fois la destination choisie, se peuple de toutes sortes d’images fantasmées – parfois plus réelles – en tout cas de nature à faire rêver et patienter.
Il s’agit bien d’un voyage avant le voyage. C’est le voyage « imaginaire ». Celui que l’on fait avant de partir.
Autre facette inséparable du voyage : les souvenirs, considérés par beaucoup comme particulièrement joyeux (surtout ceux fabriqués durant l’enfance). Celui qui a des «souvenirs de voyages » possède un patrimoine particulièrement valorisant qui lui permet – selon la teneur du souvenir – de se situer dans l’échelle sociale au-dessus ou au-dessous des autres. Ainsi, celui qui a visité le Cambodge dans les années 80 affiche d’emblée son statut social par rapport à celui qui n’a visité « que » Palma de Majorque l’an dernier. C’est pour cette raison d’ailleurs que certains ont tendance à déformer et embellir leurs souvenirs de voyages.
Les sondages révèlent que plus de 90% des interrogés déclarent vouloir repartir en voyage le plus vite possible, notamment vers des destinations d’aventure ou de bien-être. Certes, il s’agit de déclaratif. Mais ce déclaratif est corroboré par nombre de travaux réalisés par sociologues et psychologues aboutissant à la même conclusion : partir est bon pour le moral, avant, pendant et après…Pour ceux qui, bien évidemment, affectionnent le voyage puisqu’une proportion non négligeable d’individus n’apprécient pas forcément de quitter leur domicile.
Parmi ces incurables casaniers, on trouve des personnes âgées d’une part, recrutées en général parmi un groupe très conservateur de la population qui a tendance – notamment dans des périodes comme celle que nous vivons – à se replier sur elle et à se confiner vaille que vaille.
(Source : Josette Sicsic / Futuroscopie)