L’impact environnemental du trafic aérien entre de plus en plus en compte dans le choix des destinations et des séjours. Alors, comment conjuguer envie de voyager et impératif écologique ?
« On n’a jamais autant besoin de vacances que lorsqu’on en revient.”
Ann Landers
Si les touristes sont de plus en plus sensibles à cette question de vacances responsables, on remarque un trafic aérien qui n’a pas baissé, voire est revenu au stade d’avant la crise sanitaire de 2019. Les séjours lointains sont très appréciés; l’intensité de la découverte et du dépaysement est maximale, portée par une envie d’ailleurs émotionnelle, physique, patrimoniale, récréative, culturelle.
Le secteur du tourisme, à l’arrêt durant la pandémie, doit opérer sa mue. Contraintes réglementaires, évolution des modes de consommation, autant de sujets qui nécessitent une profonde adaptation de l’offre. Il s’agit de trouver un équilibre entre les dimensions environnementales, sociales – y compris culturelles – et économiques de l’activité pour qu’elle puisse profiter à tous les partis engagés, sans compromettre sa reproduction dans le futur.
Concilier découverte et voyage
Bien sûr, tous ces ailleurs ne se rejoignent pas que par les airs : l’étranger, ce sont aussi tous les pays européens à découvrir grâce aux connexions routières, ferroviaires et maritimes. Mais certaines destinations sont inaccessibles à un coût et un timing raisonnable. « Il ne s’agit pas de stopper tout voyage par avion », commentent certains voyagistes acquis au développement durable. « Si on ne décolle plus vers des pays dont l’économie repose sur le tourisme, les conséquences peuvent être très dommageables pour la vie des populations. »
Il s’agit de s’interroger sur comment voyager au loin, moins mais mieux. Le but du séjour est aussi une bonne question à se poser. « Est-il utile de prendre un avion pour se dorer la pilule au soleil ? Le dépaysement n’est-il pas possible juste à côté de chez nous ? »
Pratiquement
Si, vous aussi, vous voulez participer à la tendance et commencer à faire du tourisme durable dès cet été, le plus simple est de changer petit à petit vos différentes habitudes de voyages :
• Le choix de la destination : pas besoin d’aller aux Bahamas pour voir la mer, rendez-vous sur la Côte d’Azur (ou l’Espagne, ou l’Italie) ;
• Les dates de voyage : pour éviter la surpopulation touristique, partez hors saison ! (vous pouvez privilégier les mois de juin et septembre plutôt que juillet et août par exemple) ;
• Les transports : partir près de chez vous permet déjà d’éviter l’avion, mais vous pouvez aussi prendre le train ou faire du covoiturage pour minimiser votre empreinte carbone ;
• Le logement : fuyez les chaînes d’hôtel internationales et préférez-leur des gîtes ou chambres d’hôtes locales pour que votre séjour rémunère les habitants ;
• La nourriture : le principe est le même, privilégiez les restaurateurs locaux et achetez vos produits au marché ou à la ferme ;
• Les activités : dans la mesure du possible, choisissez des activités non polluantes et rémunératrices pour les populations locales ;
Pour mémoire
Deux vols par an, comme un Genève-îles Canaries et un Genève-Venise, c’est plus d’une tonne de CO₂. Pour comparer, cela correspond à un an de chauffage d’un petit logement. Avec 15 kg de bagages en soute, la facture augmente : 200 kg d’équivalent CO₂ en plus.
Certains opérateurs du secteur aérien s’engagent dans cette prise de conscience du coût environnemental des vols. L’aéroport d’Amsterdam a annoncé qu’il interdira bientôt sur ses pistes les vols de nuit et les jets privés. Certaines compagnies se vantent de mieux remplir leurs avions pour éviter des transports polluants avec peu de passagers, d’autres revoient leur flotte en s’équipant d’appareils à la technologie plus verte utilisant par exemple le biocarburant. Des initiatives que le collectif Pensons l’aéronautique de demain (PAD) conteste : « Vouloir décarboner en maintenant la croissance du trafic n’est pas un défi, c’est un dangereux leurre. »
« L’avion est né avec le pétrole, il mourra avec le pétrole. La solution est d’augmenter drastiquement les prix ou baisser le nombre de vols, et instaurer un nombre de vols par personne et par an », assène de son côté le radical Jean-Marc Jancovici, associé de Carbone 4, cabinet spécialisé sur la stratégie bas-carbone.
Photo: pichonvoyageur.ch
Source : Ouest France (Valérie Parplan) et Consultor